Oracle remporte la 33ème Coupe

Cette 33ème America’s Cup a été extra-ordi-naire ! Elle a été marquée par le contraste d’un incroyable défi technologique entre deux bateaux  de 90 pieds.

Ce 12 février 2010, le challenger américain BMW Oracle Racing, mené par Larry Ellison, fondateur de l’entreprise informatique Oracle, 4ème fortune mondiale, tentait de ravir la Coupe au Defender suisse, l’équipe Alinghi, dirigée par Ernesto Bertarelli, 1ère fortune de Suisse, qui gagna la Coupe en 2003 en Nouvelle-Zélande et la défendit avec succès en 2007, à Valence. Il aura fallu attendre trois ans, passés au tribunal de New York, pour que le défi déposé par les Américains soit accepté: un défi sur des bateaux de 90 pieds.
Aucun accord mutuel n’ayant été trouvé entre le challenger et le Defender, ce sont les règles originelles de la Coupe, datant de 1870, qui ont prévalu. Ce que l’on appelle un Deed of Gift Match. Une victoire qui se joue en deux manches gagnantes sur deux parcours différents: le premier sur un aller-retour de 20 milles chacun (environ 80 km) et le deuxième sur un triangle de 40 milles. Les mêmes parcours qu’empruntèrent les magnifiques Class J au début du siècle dernier. De quoi faire entrer cette 33ème America’s Cup dans la légende !

 AMERICA'S CUP 2010 - VALENCIA (SPA) - 12/02/2010 PHOTO: CARLO BORLENGHI / SEA AND SEE / DPPI ALINGHI 5 AND USA 17 - RACE 1
AMERICA’S CUP 2010 – VALENCIA (SPA) – 12/02/2010
PHOTO: CARLO BORLENGHI / SEA AND SEE / DPPI
ALINGHI 5 AND USA 17 – RACE 1

C’était maintenant ou… dans une semaine. Une grande dépression est annoncée dès le lendemain. A bord du bateau comité, Harold Bennett a dû batailler ferme face aux membres de la Société Nautique de Genève pour lancer la procédure de départ. Les Suisses, dos au mur, n’ont pas le droit à l’erreur. La brise de mer s’est levée depuis plus d’une heure et les deux bateaux encore éloignés de la ligne de départ la rejoignent rapidement. A 16h10, le comité réussit à mouiller la bouée au vent au 100 et à 16h25, les deux équipages s’élancent enfin. La procédure est lancée très vite, les bateaux spectacteurs sont plus nombreux et doivent s’écarter rapidement. On n’y croyait plus et pourtant, les deux bateaux s’engagent pour le départ de cette deuxième course qui se déroulera sur un parcours en triangle avec des bords de même distance de 13 milles nautiques chacun.

Ce départ lancé précipitament ne va pas jouer en faveur des Suisses. Au cinq minutes avant le départ, Alinghi barré par Ernesto Bertarelli est gêné par des bateaux spectacteurs et se trouve en-dessous de la ligne de départ et prend une pénalité. USA s’est échappé dans la flotte des bateaux mais revient ensuite rapidement se placer dans le sillage du catamaran, pour le gêner et l’obliger à lofer. Les hommes de James Spithill prennent le départ, 24 secondes devant leur adversaire. USA part à gauche, Alinghi à droite. Mais très vite, Alinghi prend la tête. La première bascule est en faveur du tacticien Brad Butterworth et le catamaran maintient une avance d’environ 350 mètres sur les Américains sur l’ensemble du bord. Le français Loïck Peyron est à la barre et fait au mieux dans une mer qui fait tanguer Alinghi mais qui navigue plus facilement sur un flotteur.
A l’intérieur du plan d’eau, USA arrive à revenir et vire le premier pour se mettre en layline. L’avance d’Alinghi fond à vue d’œil. Le passage avant la bouée sera le grand moment de cette 33ème America’s Cup où les deux multis se retrouvent dans une vraie phase de Match Race. Et c’est une situation identique à celle rencontrée par Alinghi face à Team New Zealand lors de la dernière America’s Cup en 2007.
A l’approche de la bouée au vent, Alinghi croise devant le challenger, mais perd son avantage en virant sur bâbord. L’histoire de la Coupe retiendra que les Suisses auraient sans doute pu gêner les Américains en les poussant hors de la layline mais en croisant devant eux, ils ont perdu ce match et la Coupe à cet instant en laissant USA passer devant eux et enfiler la bouée avec 28 secondes d’avance. Dans le bord de reaching, USA libère toute la puissance de son aile avec des vitesses de 22-25 noeuds et mène devant Alinghi de plus de 2 minutes à la seconde marque. Le match est joué. La nuit commence à tomber sur le plan d’eau lorsqu’USA franchit la ligne d’arrivée avec 5 minutes et 29 secondes devant la Suisse. L’Amérique, par le bras de son mentor, Larry Elisson, son skipper Russell Coutts et son barreur, James Spithill, remporte la 33ème édition de la Coupe de l’America. Tout comme Thierry Fouchier, régleur à bord d’USA qui rentre dans l’histoire de la Coupe en étant le premier Français à la gagner. Ce challenge amical perpétuel entre nations a été l’occasion d’un formidable défi technologique.

Il est aux environs de 19h23 lorsque les sirènes des centaines de bateaux spectateurs retentissent pour saluer la victoire d’USA qui franchit la ligne d’arrivée et remporte la 33ème America’s Cup. Alors qu’Alinghi franchit 5 minutes plus tard la ligne d’arrivée, USA vient saluer le Rising Sun, l’un des plus grands yachts du monde, appartenant à Larry Elisson. Le soleil se couche et la nuit tombe mais à bord d’USA on
exulte. Les dix marins à bord savent qu’ils viennent d’entrer dans la légende de la Coupe tout comme Russel Coutts, qui a suivi la régate sur le chase boat et les rejoint à bord sitôt la ligne franchie. Larry Elisson qui a embarqué également comme régleur de mât peut être fier de son équipe. C’est lui qui prendra la barre pour franchir la ligne d’arrivée.

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