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lundi 2 décembre 2024

Est-ce la fin de la Coupe de l’America ?

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Ludovic Sorlot
Ludovic Sorlothttps://www.cuplegend.com
Rédacteur en chef du magazine CupLegend

Larry Ellison et Sir Russell Coutts ont dévoilé à Londres leur vision de la prochaine édition de l’America’s Cup en présence de 4 challengers dont Team France.

Larry Ellison et Sir Russell Coutts ont dévoilé à Londres leur vision de la prochaine édition de l’America’s Cup en présence de 4 des 5 challengers dont Team France. Nous avions présenté dans le dernier numéro de Course au Large les grandes lignes. Il ne s’agit pas d’un protocole mais d’un accord-cadre « Framework agreement ». Une nuance importante en terme juridique.

Nous n’avons pas eu le document final. Si on peut trouver légitime les attentes des équipes pour avoir une visibilité sur la suite, ce qui a toujours existé dans la Coupe sans la remettre en cause, il n’en reste pas moins vrai que c’est cela la Coupe. Elle appartient à celui qui la gagne et c’est lui qui fixe les règles jusqu’à ce qu’on lui lance un autre défi. C’est un challenge permanent.

L’annonce qui est faite aujourd’hui n’a rien d’inédit sur le constat mais tout est fait pour détruire la Coupe dans le futur. Ce n’est pas une avancée mais une atteinte à la Coupe où les 4 challengers, dont TeamFrance, se fourvoient en cautionnant cela. Seuls les Néo Zed n’ont pas signé cet accord et c’est tant mieux. On peut espérer également que les Anglais ne le respecteront pas. L’une de ces deux équipes affrontera certainement le Defender pour l’America’s Cup Match. Espérons que l’un d’eux la gagne.

Russel Coutts et Larry Ellison veulent apparaître comme les « modernisateurs » de la Coupe alors qu’ils ont démontré un vrai cynisme pour se l’approprier et pour la défendre en l’organisant à la limite du Fair-Play. Ils tuent l’esprit de la Coupe et il est regrettable que TeamFrance les suivent dans cette voie-là. On peut gagner la Coupe sans forcément sacrifier son âme sur l’hôtel du Defender. Les kiwis avec des financements publics et privés mais sans milliardaire derrière prouve que l’on peut monter une équipe performante sur plusieurs éditions et sans rien renier. C’est de cet exemple ou de celui des Anglais que TeamFrance doit s’inspirer.

Vouloir organiser la Coupe tous les deux ans n’a aucun intérêt et le format tel qu’il est annoncé fait oublier les rôles bien différents qui existent dans la Coupe : un Defender d’un côté, le meilleur challenger de l’autre.
Coutts veut verrouiller le système et il serait naïf de croire que ce soit pour de bonnes raisons.
Coutts et Larry Ellison ont mis la Coupe à feu et à sang en 2007 en imposant à Alinghi un DOG Match. Les raisons : Alinghi avait créé un faux challenger espagnol – Oracle fait pareil avec Team Japan. Alinghi voulait moderniser la Coupe, Oracle va plus loin. 3 ans de querelles juridiques qui ont tués 11 équipes. 10 ans plus tard, il n’y a que 5 challengers.
La 34ème édition , même si elle a été belle par le retournement de situation, a été un fiasco avec 3 challengers.
La 35è a été lamentable dans son organisation. Aucune des obligations du protocole n’a été respecté, tant dans la parution du calendrier, la définition de la jauge, que l’annonce des différents lieux de la Coupe. Pire, le Challenger of Record a disparu au profit d’un comité et il y a un challenger quasiment officialisé et étiqueté proche du Defender, en l’occurrence Team Japan. Le Defender organise la compétition des Challengers. Du jamais vu. Luna Rossa a disparu.
Le Fair-Play n’est pas du côté du Defender, encore moins de celui de Russel Coutts.

Si le spectacle de ces bateaux volants est magnifique et nul doute que le spectacle aux Bermudes sera beau, il doit subsister la magie de la Coupe autour d’un match entre deux nations qui s’affrontent au cours d’un défi technologique, sportif et national où les deux ont leur chance.
Aujourd’hui le Defender s’entraîne avec les challengers. Il n’est plus seul. Pire il va participer à l’élimination d’un challenger lors de la première phase. Un challenger qui aura dépensé 20 millions d’euros, participer à 8 courses avec son nouveau bateau et qui devra rentrer chez lui.
La modernité n’est pas là où l’on pense. Le programme proposé par le Defender et ses « supplétifs » contraints cassent la Coupe.

Communiqué de la Coupe

« C’est un moment extrêmement important pour l’America’s Cup », a déclaré Sir Russell Coutts, cinq fois vainqueur de la Coupe et le PDG de l’America’s Cup Event Authority. «Pour la première fois depuis plus de 165 ans, les équipes se sont rassemblées pour le bénéfice non seulement d’elles-mêmes, mais aussi de l’America’s Cup. Les équipes qui voudraient participer à la prochaine édition savent maintenant combien il en coûtera, quel type de bateau ils ont besoin de construire et quelles seront les règles », a déclaré Larry Ellison, fondateur d’ORACLE TEAM.
L’accord qui a été dévoilé concerne la 36e et la 37e America’s Cup qui auraient lieu en 2019 et 2021, soit tous les deux ans. Le cycle de la 36e America’s Cup commencerait dès 2017 avec des ACWS en AC45F.
Martin Whitmarsh, le PDG de Land Rover BAR, et Torbjörn Törnqvist, fondateur de l’équipe d’Artemis Racing ont approuvé cette vision. Une vision partagée par Iain Murray, le directeur de la 35e America’s Cup qui a déclaré: «Il y a un vide à combler entre deux éditions et nous avons essayé de répondre à cela. Il faut saisir cette opportunité. Cela assure de la stabilité et donne la possibilité aux équipes intéressées par la Coupe de s’organiser en offrant également un coût d’entrée plus bas. »
Franck Cammas, Skipper de l’équipe France, a ajouté : « Il est important pour les équipes de savoir ce que sera l’avenir de l’America’s Cup. C’est bon pour tout le monde, commercialement et pour avoir de la visibilité à long terme.  »
Sir Ben Ainslie, Land Rover BAR a commenté : « Cet accord est vraiment essentiel pour l’avenir de l’America’s Cup. La coupe a une histoire incroyable depuis plus de 165 ans, mais maintenant les équipes et l’America’s Cup Event Authority peuvent vraiment commencer à travailler. »
Cet accord cadre selon les organisateurs respecte et maintient tous les aspects du Deed of Gift qui régit l’America’s Cup : C’est celui qui gagne qui fixe les règles.
Entre les éditions, il est arrivé fréquemment qu’il y ait un laps de temps important avant d’enchaîner sur la suivante. Les règles changeaient également souvent entraînant la dissolution d’équipes et l’élimination d’équipements dispendieux et redondants.
Jimmy Spithill, skipper ORACLE TEAM USA, a déclaré: «Nous avons tous vu combien cette période de silence prolongée peut être dommageable pour chacun des intervenants de l’événement. Ce que nous avons fait au cours de la dernière année, c’est de travailler ensemble pour aborder ce problème de front. Nous savons que l’une des équipes actuelles va gagner, alors nous avons travaillé sur une vision commune pour la suite et officialisé certaines règles. Il y a maintenant un plan clair en place qui confirme le format de la compétition en utilisant les bateaux existants et le matériel autant que possible pour réduire les coûts. Je pense que cette annonce sera l’un des moments forts de l’histoire de l’America’s Cup. C’est bien pour les fans, les équipes et commercialement pour la Coupe – une victoire pour tous. C’est un énorme pas en avant.  »
Iain Percy, directeur d’équipe d’Artemis Racing « Nous réalisons tous que notre sport est sur la bonne voie et c’est le bon moment pour construire maintenant et pour les générations suivantes »
Larry Ellison a déclaré: « C’est un sport très moderne, c’est un sport extrême, c’est un sport d’équipe et c’est pays contre pays, donc je suis très optimiste pour rendre ce sport très attrayant pour la prochaine génération de marins. Les enfants l’adorent, et cela aidera aussi à le rendre attrayant pour le public qui ne pratique pas la voile tous les jours, mais adorent regarder la compétition à la télévision.
Les signataires de l’accord-cadre et du futur protocole de la 36ème Coupe de l’America (AC36) et de la 37ème (AC37) s’entendent donc selon les termes suivants :
– La Coupe de l’America se déroulera tous les deux ans, soit en 2019 pour l’AC36 et en 2021 pour l’AC37.
– Le circuit préliminaire, America’s Cup World Series (ACWS), débutera au cours du 4ème trimestre 2017. L’ambition est que ce circuit comporte 12 événements internationaux au cours des deux prochaines années.
– La première année des ACWS sera disputée sur des AC45 Foiling, c’est-à-dire sur les catamarans ayant courus les LVACWS 2015 et 2016.
– Une transition s’opérera à compter de la deuxième année vers les catamarans de la Class America’s Cup, classe qui aura concouru en 2017 aux Bermudes.(avec toutefois une modification de la règle de manière à étendre entre 4 et 26 nœuds, la gamme de vent dans laquelle peuvent courir les bateaux). Après ce passage aux Class AC, les AC45 Foiling sortiront définitivement du circuit.
– Le dernier grand prix des ACWS se tiendra sur le lieu où se jouera la Coupe. Le classement de ce circuit déterminera les équipes sélectionnées pour concourir sur les America’s Cup Playoffs.
– Le lieu où se tiendra la 36ème Coupe de l’America sera choisi par le vainqueur de la 35ème
– Pour réduire les coûts, les équipes ne seront pas autorisées à construire, à tester ou à s’entraîner sur les bateaux du type AC45 Turbo comme cela est aujourd’hui permis.
– Les mêmes règles seront appliquées sur la 37ème Coupe de l’America, à la seule différence que seuls les bateaux de la Class AC régateront sur l’ensemble des courses.
Cinq des six concurrents* et leur Yacht Club sont signataires de cet accord et d’ores et déjà d’autres équipes auxquelles cette entente a été soumise ont montré un vif intérêt et pourraient rapidement se présenter en tant que challengers. Emirates Team New Zealand n’est pas aujourd’hui signataire de l’accord-cadre mais a été tenu informé tout au long du process. Dès l’annonce du communiqué, ils ont tweeté que seul le Deed of Gift compte : C’est le vainqueur qui fixe les règles.

Ils ont dit :
Franck Cammas, skipper et membre fondateur de Team France :
« Etre présents dès le départ de cette nouvelle aventure nous permet de construire demain dès aujourd’hui avec des règles clairement identifiées. Boucler le budget en temps et en heure, conserver les talents qui sont à nos côtés sont autant d’atouts essentiels dans notre quête de l’excellence et de la performance. Grâce à cette entente historique, nous allons pouvoir présenter à nos partenaires et à nos futurs soutiens un plan clair afin que leur engagement se constitue sur de bases précises. C’est rassurant pour tout le monde et ça permet de construire une stratégie sur le long terme. Je pense que c’est vraiment une réelle avancée pour la Coupe de l’America afin qu’elle reste ce qu’elle est, à savoir le summum dans la course à la voile. »

Bruno Luisetti, Président de Team France :
« Cet accord et notre inscription à la 36ème Coupe de l’America sont la concrétisation de l’ambition des fondateurs du projet Team France et de ses Filières d’Excellence, d’inscrire notre projet dans la durée. C’est la condition du succès qui permettra à la France de devenir de manière pérenne, une des grandes nations de la voile en équipage. »

Amiral Yves Lagane, Président du Yacht Club de France :
« Au-delà d’accompagner Team France dans sa conquête de l’America’s Cup, nous supportons l’équipe dans sa démarche exemplaire qui a beaucoup de sens pour nous, en France. Celle-ci repose sur la recherche d’un idéal d’Excellence dans un processus qui engage simultanément la science, la haute technologie, l’intuition, l’esprit d’entreprise, l’engagement sportif et le sens marin. Elle passe aussi par la solidarité d’un équipage aguerri aux techniques de la régate au plus haut niveau international et le transfert de ses compétences aux nouvelles générations. »

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