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jeudi 25 avril 2024

La Louis Vuitton Cup à Auckland ?

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Ludovic Sorlot
Ludovic Sorlothttps://www.cuplegend.com
Rédacteur en chef du magazine CupLegend

Acteur majeur de la Coupe depuis trente ans, les kiwis seront les seuls à ne pas la voir se courir en partie dans leurs eaux sur cette 35ème édition. Le premier acte s’est joué juste avant le 15 février 2015 (date limite fixée par le protocole initial) avec la signature d’un accord entre Auckland et ACEA pour que les Qualifiers (anciens Round Robin) de l’AC35th se déroulent en baie d’Hauraki.

A un an de la première régate de la finale de l’AC35th, tout semble aller pour le mieux dans le monde de la Coupe. Trois équipes s’entraînent déjà aux Bermudes (USA, SWE, JPN), deux encore dans leurs eaux restent très discrètes (GBR, NZL), une est un peu en retrait dans le planning (FRA). Et pourtant dans un silence à l’exact opposé de la médiatisation que recherche ACEA, se trame dans les coulisses un scénario typique des arcanes que les règlements de la Coupe permettent au Defender d’emprunter. Acteur majeur de la Coupe depuis trente ans, les kiwis seront les seuls à ne pas la voir se courir en partie dans leurs eaux sur cette 35ème édition. Le premier acte s’est joué juste avant le 15 février 2015 (date limite fixée par le protocole initial) avec la signature d’un accord entre Auckland et ACEA pour que les Qualifiers (anciens Round Robin) de l’AC35th se déroulent en baie d’Hauraki.
Voté dans la foulée par les Challengers le 31 mars 2015, le nouveau protocole impose des quasi monotypes de 50′ et deuxième acte de ce scénario, annule rétrospectivement l’accord Auckland-ACEA. D’où la réclamation immédiate de Grant Dalton CEO d’ETNZ, auprès de l’arbirtation panel seule juridiction compétente selon ce nouveau protocole. Onze mois avant la première régate, ce panel n’est toujours pas en place.

Ou plutôt si. Composé de trois membres :
– dont un Chairman nommé conjointement par ACEA (organisateur), le Golden Gate YC (Defender) et le CORC (ensemble des Challenger),
– un deuxième membre nommé par le compétitor forum (les 6 équipes, Defender compris)
– et un troisième nommé par les deux premiers,
l’arbitration panel, juridiction sans appel possible, aurait été discrètement nommé en décembre 2015. Alors que rien n’a fuité sur les deux premiers, Matt Allen Président de la fédération australienne, marin expérimenté propriétaire d’Ichi Bahn, en serait le troisième membre. Interrogé par Sail-world fin mai, Russell Coutts CEO d’ACEA, lançait lapidaire sans desserrer les lèvres : « Ils sont nommés, décision en juillet ».

Pourquoi tant de discrétion ?
A cause de l’article 63 du protocole de cette AC35th, souvent appelé « Dalton clause », qui protège la réputation de la Coupe de l’America. Tout commentaire désobligeant est passible d’une amende : 25 000 $ la première, 100 000 $ la seconde, 250 000 $ la troisième… y compris en cours de délibération du Panel.

Quel est l’enjeu du vote ?
 Côté Challenger, hormis ETNZ, l’enjeu est d’économiser un passage à Auckland pour 11 jours de régates (26 mai-5 Juin) et éviter que le seul éliminé ne construise une base pour rien aux Bermudes.
 Côté ACEA , l’enjeu est de ne prendre aucun risque avec des ½ finales programmées 2 jours plus tard aux Bermudes !
 Côté Auckland, faire venir les 4 autres équipes pour trois mois a un impact économique réel.
 Côté ETNZ , Grand Dalton dit « il s’agit de faire respecter un contrat signé par ACEA ».

Qui va gagner ?
Gagnera celui qui utilisera le mieux sa mémoire. Souvenons nous de l’AC29th courue en 1995 à San Diego, qui sous couvert de cost-cutting (encore!), limitait le nombre de bateau à deux par équipe. A l’époque le jury appointé tardivement par un comité sans Challenger of record (déjà!), n’avait eu d’autre choix, une fois les régates commencées, que de décider non recevable la réclamation contre Australia One déposée un an et demi plus tôt. Contournant la règle, Australia One et Challenge Australia avaient utilisé le même bureau d’étude down under pour leur premier bateau chacun. Le bateau N°2 d’Australia One bénéficiant alors des résultats de speed test officieux avant sa conception. Cassé en deux puis coulé sous nos yeux de futurs éliminés, juste avant que nous ne démâtions à bord de France2-3, ce deuxième bateau dessiné trop fragile a finalement été victime, non pas d’une quelconque justice divine, mais de la témérité de ses architectes un peu limite autant dans leurs calculs que dans les règles.

Revenons à l’AC35th. Changement de protocole maitrisé, faisant trainé les choses par ACEA interposé, le Defender a beau jeu de faire taire les Challenger. Seule des six équipes ayant intérêt à courir à Auckland, ETNZ n’est pas un lobby assez lourd pour faire pencher le Panel en sa faveur. Expérimenté et comme souvent stratégiquement en avance, Coutts en nommant tard l’Arbitration Panel lui donne l’occasion de voter comme le Defender l’entend. Avant même de parler de budget ou de cost-cutting, une fois partagée la vision claire du pourquoi de sa quête, la Coupe est affaire d’expérience.

Christian Karcher

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