Ce 23 janvier 2015, Altair, majestueuse goélette de 1931, a franchi en vainqueur (en temps réel) la ligne d’arrivée de la Panerai Transat Classique 2015, dans la baie de Fort-de-France. Pour être à la hauteur de cet événement, la météo a offert un magnifique spectacle, alternant ciel gris, passage de grains et, pour le final dans l’une des plus belles baies du monde, un chaud soleil qui ne voulait pas rater une telle fête. Depuis le rocher du Diamant, au Sud de l’île, l’équipage d’Altair a offert un show d’exception pour faire éclater son talent de manœuvrier : empannages, envoi du flèche, envoi du gollywobbler, affalages en série et plusieurs virements de bord pour rejoindre la ligne. Sur les bateaux accompagnateurs, les photographes s’en donnaient à cœur joie et il était impossible de ne pas vibrer devant tant de puissance et d’harmonie : lorsque la navigation devient un art. Après un dernier virement bord, Altair s’adjugeait donc la première place en temps réel de la Panerai Transat Classique 2015, en 13 jours 3 heures 12 minutes et 53 secondes, à environ 8,8 nœuds de moyenne. La joie de l’équipage emmené par son capitaine Stephane Benfield était irradiante, et Joe Pytka et ses deux filles Sasha et Ariel partageaient cette allégresse. Un moment inoubliable pour eux tous après une course transatlantique menée tambour battant. Bravo à tout l’équipage d’Altair ! A peine amarré à la pointe Simon, Altair et son équipage se voyait assailli de reporters TV et radio pour de premières interviews.
[youtube width="600" height="350" video_id="3YzHYV0Fw70"]
Avec un magnifique podium, composé d’Altair, Argyll et Gweneven, la Panerai Transat Classique 2015 s’achève. Cette édition restera dans les annales par la qualité des participants, le niveau très élevé de la compétition et la chaleur des relations créées entre les équipages. Petit bilan d’une course de rêve.
Un vainqueur magnifique. Avec la victoire d’Altair à la Panerai Transat Classique 2015, c’est une icône de la voile classique qui inscrit son nom sur le trophée perpétuel remis par l’Atlantic Yacht Club. Cette merveilleuse goélette de 1931 représente pour tous les amoureux du yachting un modèle par l’harmonie de ses lignes, le soin et l’exigence apportés à sa restauration et ses performances lors des grands rassemblements de classiques en Méditerranée. La présence à bord du propriétaire Joe Pytka, accompagné par ses filles Sasha et Ariel, marque son attachement à cette « vieille Dame » imaginée il y a 85 ans pour effectuer un tour du monde. Un projet jamais réalisé à ce jour, mais que Stephane Benfield, le Capitaine se dit prêt à relever. Avec cette remarquable victoire, en temps réel et en temps compensé, sur le parcours Lanzarote-Fort-de-France, Altair entre définitivement dans la légende.
Le yachting en majesté
Sur la deuxième marche du podium, Argyll, construit en 1948, marque la présence au palmarès du célèbre architecte américain Olin Stephens dont les créations ont fait et font toujours rêver bien des marins. L’équipage, rassemblé autour de Sabine Masquelier, initiatrice de cette aventure, et emmené par Emmanuel Fontaine, skipper bien connu par ses innombrables victoires lors des épreuves du Panerai Classic Yachts Challenge, a fait preuve d’un engagement sans faille et d’un remarquable sens de la navigation. Le podium est complété par Gweneven, le plus petit voilier de la course, construit en 1975 et… lui aussi signé par Olin Stephens. Une performance impressionnante compte tenu des conditions difficiles rencontrées pendant les deux tiers de la course. Oren Nataf, le jeune propriétaire qui a découvert la navigation en 2009, a bien profité des conseils de Gildas Mahé, coureur au large et spécialiste du Figaro. Avec ces trois bateaux, différents par leur époque de construction, leur taille (40,78 m, 17,50 m et 11,60 m) et leur gréement (une goélette, un yawl et un sloup), la Panerai Transat Classique 2015 balaie toute l’histoire du yachting, signe que cette épreuve d’exception est ouverte, équilibrée et laisse ses chances à chacun des concurrents.
Du haut niveau
Cette édition de la Panerai Transat Classique est remarquable sous de nombreux aspects. Par la vitesse des voiliers engagés qui ont tous établi de nouveaux records dans les catégories de la plus longue distance parcourue en 24 heures et de la vitesse la plus élevée. Pour cette dernière, la palme semble revenir à Argyll, avec une pointe à 18,8 nœuds, mais il faut souligner l’incroyable 18,2 nœuds réalisés par Vagabundo II. Des vitesses impressionnantes pour ces bateaux. Et des performances relevées par l’état de préservation de chaque concurrent à son arrivée à Fort-de-France : aucun bateau n’a eu à signaler d’avarie majeure et les marins n’ont connu aucun pépin physique important. C’est une autre des leçons de cette course : tous les engagés ont concilié à la perfection le « naviguer vite » et le « naviguer sûr ». Remarquable, la Panerai Transat Classique 2015 l’est aussi par le niveau très élevé de la compétition. Les écarts, malgré une flotte qui pourrait sembler disparate, ont toujours été réduits. L’arrivée de six bateaux en une demi-journée, le 23 janvier, est révélatrice de cet engagement, ainsi que la présence, sur certains voiliers, de marins de renommée : Bruno Jourdren, sur Corto, multiple Champion du Monde en Sonar et médaillé aux Jeux Paralympiques de Pékin, Thierry Duprey du Vorsent, sur Amazon, équipier de Loïc Peyron lors du Trophée Jules Verne en 2011-2012 sur Maxi Banque Populaire V, et Gildas Mahé, sur Gweneven, habitué de la Course du Figaro et participant de la Transat Ag2r avec Jean Le Cam et Bernard Stamm.
D’un volcan à l’autre
L’ambiance et l’accueil dans les villes de départ et d’arrivée restent également des composantes indissociables de la réussite de cette course. Toutes les deux situées sur des îles volcaniques, elles ont contribué à faire de cette édition une course explosive. A Lanzarote, bien que très occupés par la préparation de leurs voiliers, les marins de la Panerai Transat Classique 2015 ont pris le temps de participer à toutes les manifestations organisées à leur intention : le diner de gala dans la fabuleuse grotte de Jameos del Agua et la visite des enfants du Real Club Náutico de Arrecife ont marqué les esprits. Le groupe Calero, partenaire de la course, se dit d’ores et déjà prêt à renouveler cette collaboration. Et que dire des arrivées des concurrents à Fort-de-France, en pleine préparation du carnaval. Tous les concurrents ont été sensibles à la chaleur et à la gentillesse des Martiniquais et la journée de la grande Parade dans cette baie magnifique a permis à de nombreux habitants de l’île de découvrir la splendeur des yachts classiques sous voiles. Le Comité Martiniquais du Tourisme, la ville de Fort-de-France et les partenaires locaux ont accompli un remarquable travail, à la hauteur de l’événement et de la qualité des concurrents.
Partage et chaleur
Cette édition 2015 de la Panerai Transat Classique touche à sa fin et, chez les marins, les organisateurs et les partenaires, à côté du bonheur d’avoir partagé cette aventure extraordinaire commence à poindre une légère nostalgie : chacun repart vers d’autres projets et d’autres navigations après avoir connu ensemble des moments de partage intenses et des relations humaines fortes et déconnectées des travers du monde moderne. Il faut féliciter les équipages d’Altair, Argyll, Gweneven, Vagabundo II, Corto, Adventuress, The Blue Peter, Amazon, Desiderata et Faïaoahé pour l’immense plaisir apporté à tous ceux, très nombreux, qui ont suivi la course et pour leur bonne humeur communicative. A bientôt pour une prochaine édition de la Panerai Transat Classique.
IL A DIT
Stephane Benfield, Capitaine d’Altair
« Je suis trop content d’avoir gagné la Panerai Transat Classique 2015. Les 16 personnes à bord avaient chacune leur raison de faire cette course et chacune a apporté quelque chose au bateau. En particulier, la présence à bord de Joe (Pytka, le propriétaire d’Altair) était importante pour nous et on voulait tous réussir pour lui. C’est un compétiteur qui aime relever des challenges. Lorsque nous nous sommes inscrits à cette course, je ne pensais pas que nous pourrions faire aussi bien. Mais quand j’ai vu les prévisions météo pour les premiers jours de course, je me suis dit qu’elles étaient très favorables à Altair. Et puis, nous avons fait une très bonne préparation du bateau et j’ai pu réunir un excellent équipage. Tous ces éléments nous ont permis de faire ce très beau résultat.
Pour les dix premiers jours on ne peut avoir de meilleures conditions pour un bateau comme Altair. Il y avait 20, 30 nœuds de vent : on a tout envoyé et on a marché à fond tous les jours, tous les jours, tous les jours… Je n’imaginais jamais faire une traversée comme ça dans ma vie. On a fait 2 000 milles en huit jours ! On faisait 268 milles, 264, 272 par 24 heures, à peine une différence de quelques milles tous les jours. Le bateau marchait à 11,5, 12 nœuds en permanence : c’était magnifique. Notre maximum a été de 16,2 nœuds ! »
L’édition de la maturité !
Cette course de légende, avec sa troisième édition devient une « classique » de la course au large, en gardant cette spécificité à nulle autre pareille : être réservée à des yachts classiques. Grâce à la Panerai Transat Classique 2015, les voiliers qui ont fait l’histoire du yachting trouvent un terrain de jeu à la dimension de leur symbolique, l’océan Atlantique. De plus, cet événement unique ne se contente pas d’être une simple traversée, mais une véritable course, avec ses enjeux, ses rivalités, ses joies, ses peines et ses multiples rebondissements. Lors des deux précédentes courses, les concurrents, et tous ceux qui ont suivi ces « batailles navales » au travers du site internet et de sa cartographie en temps réel, ont apprécié l’esprit de compétition entre les différents voiliers, prêts à ne rien lâcher, sans jamais oublier les valeurs si chères aux « gens de mer » : solidarité, estime des adversaires et respect de l’environnement.
Un parcours plus dense
Pour cette nouvelle édition, l’Atlantic Yacht Club, avec la complicité de Comet Organisation, avait concocté un nouveau parcours susceptible de laisser s’exprimer les qualités marines des yachts engagés et le talent stratégique des navigateurs. Avec un départ le 7 janvier prochain de l’île de Lanzarote, aux Canaries, les étraves des voiliers avaient devant elles près de 3 000 milles d’océan (environ 5 500 kilomètres) pour atteindre Fort-de-France, à la Martinique. Avant de rejoindre la route des Alizés, les concurrents ont du se sortir du labyrinthe de l’archipel canarien, avec ses multiples pièges. Après avoir goûté aux longs surfs sous spi, en se glissant entre les zones de calme, l’arrivée sur l’arc antillais a offert son lot de surprises à négocier.