L’équipe suisse Alinghi Red Bull Racing pourrait ne pas participer à la prochaine édition de l’America’s Cup si Grant Dalton ne revoit pas sa position sur l’organisation de l’événement. Les Suisses réclament plus de transparence et un engagement renforcé en faveur de la compétition. Et ils n’ont pas tort.
Un article paru dans Le Temps le 19 avril a annoncé le désengagement d’Alinghi Red Bull Racing pour la prochaine Coupe de l’America. À lire ici : https://www.letemps.ch/sport/voile/exclusif-alinghi-red-bull-racing-se-desengage-de-la-coupe-de-l-america.
Si l’équipe n’a pas publié de communiqué officiel, elle a néanmoins choisi de réagir publiquement en accordant une interview, dans l’espoir de faire évoluer le contenu du prochain Protocole de la Coupe, attendu pour mi-juin.
» Malgré tous les efforts déployés, nous n’avons pas réussi à trouver un accord avec le Defender de l’America’s Cup concernant l’avenir de l’événement. Nous avons demandé plus de transparence, plus d’engagement en faveur de la Coupe et la création de nouvelles opportunités permettant aux équipes de performer, afin que la compétition reste une référence mondiale dans le monde de la voile. Ensemble, nous aurions pu proposer un événement commercialement viable, capable d’attirer télévisions, spectateurs et sponsors. C’est donc avec une profonde tristesse que nous avons dû nous résoudre à entamer la réduction progressive des activités d’Alinghi Red Bull Racing. Les marques qui ont porté ce projet resteront à jamais liées à l’histoire de l’America’s Cup.
Nous remercions tous les membres de l’équipe, les sponsors et les supporters pour leur confiance et leur engagement durant ces dernières années, qui ont fait de cette aventure une expérience exceptionnelle.«
On ignore les détails des négociations entre le Challenger of Record et le Defender, mais il semble que Grant Dalton campe sur les positions adoptées lors de l’édition précédente — face à un Challenger affaibli après le divorce retentissant entre Sir Ben Ainslie et Sir Jim Ratcliffe, patron d’INEOS.
Il s’agirait, comme auparavant, d’organiser les Challenger Series et la finale (le Match) dans une optique de maximisation des revenus, au service quasi exclusif de son équipe, au détriment de l’esprit de la Coupe.
La dernière édition à Barcelone a clairement illustré ces dérives : manque de communication externe, moyens limités, retombées économiques surévaluées. Le communiqué annonçant plus d’un milliard de retombées n’a trompé personne. Sur place, le constat était sans appel : à peine une centaine de bateaux spectateurs sur le plan d’eau, contre les milliers attendus, de nombreuses locations encore disponibles, et seulement deux « photo boats » pour la presse. Ce déficit de moyens et de communication a d’ailleurs été au cœur des discussions lors de la première réunion entre challengers et Defender.
Deux visions de la Coupe s’affrontent, dans un contexte où la compétition doit évoluer sous la pression grandissante du circuit SailGP. Il faut peut-être voir dans ce contexte l’éviction de Peter Burling de Team New Zealand, qui n’aurait pas souhaité abandonner le circuit pour se consacrer exclusivement à TNZ.
Le SailGP, qui nuit à l’image de la Coupe selon Ernesto Bertarelli (qui en avait eu l’idée avant que Russell Coutts ne s’en empare avec le soutien financier de Larry Ellison), est un succès — il faut le reconnaître.
La Coupe doit désormais vivre entre deux éditions pour survivre. C’est la seule manière de fidéliser les équipes et d’assurer une visibilité continue aux sponsors. Grant Dalton a promis un retour de la Coupe en 2026, avec des Acts disputés en AC75 et AC40. Reste à voir ce qu’il proposera concrètement.
Les Italiens, Français et Américains devraient être présents parmi les challengers. Si l’équipe suisse a été réduite — tout comme les Français —, il reste toutefois une chance de les revoir sur la ligne de départ.
La prochaine édition devrait se dérouler à Athènes, en Grèce.